C’est vraiment ambivalent. Pour les règles de langage, les débats sur les valeurs, etc., il peut éventuellement être pertinent d’inclure tout le monde.
Le problème, c’est que, par exemple, dans le domaine du climat, cette culture du discours doit être étendue à la méthodologie scientifique – et cela est simplement impossible.
Si l’on n’excluait pas systématiquement les personnes qui disent qu’il n’y a pas d’effet de serre, ou que le CO2 n’a aucun effet, ou que toutes les données sont truquées, ou que les cycles solaires sont oubliés de tous, ou que la Terre est plate, ou ainsi de suite, tout progrès dans la connaissance s’arrêterait.
Celui qui choisit d’adopter une position contredite par des preuves réelles ou qui viole la logique et ne veut pas apprendre ne fait alors plus partie du débat. On ne peut pas l’inclure, ni le prendre au sérieux, ni lui prêter attention. Comment pourrait-il en être autrement ? Une opinion peut être fausse, même si on a le droit de la défendre.
Cette tension entre le cheminement scientifique et la culture du débat, telle que nous la connaissons dans les questions sociétales, déchire fortement la société. La solution ne peut toutefois PAS être d’imposer une nouvelle méthodologie aux sciences naturelles – ceux qui ne suivent pas intellectuellement ne suivent pas. Seule l’éducation et une bonne communication peuvent atténuer cela.
Je voudrais mettre de côté les avis les plus extrêmes. Là-dessus, je te donne raison. Les fanatiques peuvent et doivent rester en marge.
Ce qui m’intéresse beaucoup plus, c’est le cas des millions de personnes dans l’artisanat et des métiers similaires. Ceux qui doivent se démener chaque jour pour le logement, la nourriture et la santé. Ils ont très peu de temps et d’énergie pour comprendre que des mesures (quelles qu’elles soient) sont nécessaires, par exemple, pour la protection du climat. Et c’est là une responsabilité essentielle de la politique : aller à la rencontre de ces gens et les intégrer. Prendre leurs peurs au sérieux et les respecter. Mettre en place des mesures adéquates afin que la petite famille ne doive pas soudainement payer 200 € de chauffage par mois pour un appartement de 80 m².
Ce que l’on voit ici sur les dernières pages, c’est ce que nous constatons partout dans la société et la politique. Et c’est tout simplement faux. Si l’on étiquette les gens d’ignorants et qu’on les exclut du débat public, tout le monde perd.
D’ailleurs, ce sont précisément ces personnes qui forment l’épine dorsale de la société.