Vous avez des machines à deux circuits et vous dites qu’on ne peut pas faire un bon café filtre avec une méthode d’infusion par immersion ? Cela ne témoigne pas vraiment d’une grande ouverture d’esprit en matière de café... *secoue la tête*
Au fait, j’ai un double boiler et je bois quand même volontiers du café filtre.
J’ai aussi le double boiler, ainsi qu’une Commandante C40, et j’aime (aussi) beaucoup le café filtre. Mais vouloir instruire les autres en prétendant que la préparation du café dans un infuseur à thé (!) aurait quelque chose à voir avec l’infusion par immersion, cela me fait secouer la tête tout autant. Mais bon, c’est un forum de construction de maisons ici, donc ce n’est pas trop grave.
Juste pour info : ce que la pression dans ta machine mono- ou bi-circuit ou double boiler garantit avec un puck bien tassé, à savoir un contact uniforme de l’eau avec le café moulu pour permettre une extraction propre, c’est ce que dans l’infusion par immersion fait soit l’agitation (French Press ou AeroPress), soit le versement circulaire ciblé. Peut-être que je manque d’imagination, mais je ne comprends pas comment cela pourrait fonctionner en immergeant un infuseur à thé rempli de café dans de l’eau chaude. Cela n’a d’ailleurs pas beaucoup de sens, si on considère que le thé dans un infuseur à thé est censé infuser et non pas être infusé. Je pourrais jurer que le café s’infuse, parfois même à froid, mais c’est juste en passant.
Par ailleurs, je suis d’accord pour dire qu’un bon café ne nécessite pas forcément une machine à portafilter, même si cela ne fait pas de mal pour préparer un bon café. En général, c’est très réjouissant de voir que l’on s’intéresse à autre chose que verser une bouillie noire, chaude, sucrée et lactée, mais plutôt une boisson savoureuse avec beaucoup de diversité. Mais prétendre qu’une TM est la panacée universelle et qu’elle a quelque chose à voir avec un moulin à café, c’est vraiment exagéré. Comme déjà dit, avec le café, on ne plaisante plus. Non, elle ne fait pas le café, ce n’est pas du tout son but. Pas plus que pour mélanger du béton, au cas où cela viendrait ensuite. Même si ça serait encore plus dans ce cas.
Concernant le grain. Oui, il joue un grand rôle, c’est certain, mais pas comme c’est présenté. Sans un bon moulin, on gâche le potentiel du meilleur grain – ou pire : le meilleur grain ne sert à rien si la mouture n’est pas correcte – et là, ça coince pour la TM. Il y a une raison pour laquelle les très bons moulins coûtent entre 0,5 et 1 fois le prix d’une TM. Et qu’une TM aurait un bon moulin, cela m’est inconnu... cela se serait sûrement déjà su sur les forums spécialisés de café. Donc, s’il vous plaît, un peu de modestie. Faut-il du matériel coûteux pour un café potable ? Non, absolument pas. Un bon moulin manuel (!) (environ 50-200 €) et par exemple une French Press ou une AeroPress (environ 20 €) et de bons grains suffisent pour obtenir un café bien meilleur que celui servi dans 90 % des restaurants, auberges, hôtels et malheureusement les soi-disant bars à espresso. D’ailleurs, pour la French Press, la TM pourrait parfois suffire pour le degré de mouture en cas d’urgence. Pour l’espresso, par contre, c’est la fin côté mouture – et pour l’infuseur à thé, c’est fini en tout point.
Et pour l’argument du chimiste, une précision : le fait de savoir comment tenir un pinceau ne fait pas de moi un artiste.
Préparer un bon café (comme la nourriture) a moins à voir avec la maîtrise des connaissances techniques ou scientifiques, mais relève bien plus de l’art (en opposition au scientifique/ingénieur trop cérébral). Il s’agit de plaisir, de sensibilité, d’improvisation, de créativité et non de formules, de quantités précises ou de « bonnes » proportions entre quoi que ce soit. Et en tant qu’accro au café, il faut savoir que chaque grain (quel que soit son âge), chaque degré de dureté de l’eau, chaque machine, chaque moulin, chaque mouture (donc quantité et finesse) et surtout chaque personne a sa recette individuelle. Il faut bien connaître les cinq M et leur signification. Sinon, ça risque d’être très léger, et un café faible n’est jamais corsé et a moins de goût qu’une boisson riche et pleine de corps.