Les sommes de construction comme base sont cependant inappropriées : comme base, ce sont les efforts / prestations de l’architecte qui devraient servir.
Les efforts sont pris en compte dans les niveaux de difficulté : 08/15 est simple, la maçonnerie visible un peu plus exigeante, ensuite il y a la position sur un terrain en pente jusqu’aux fondations sur pieux dans un sol sableux. Tout cela, heureusement, en seulement une poignée de niveaux, pas aussi complexe qu’un barème fiscal. Mais l’équité au cas par cas n’a jamais été non plus l’objectif de la réglementation des honoraires – après tout, on devrait seulement avoir besoin d’un architecte pour la planification de la construction et pas encore un autre pour la détermination des honoraires sur le « chantier ».
L’idée de prendre comme base de référence les coûts de construction est néanmoins beaucoup plus appropriée que les mètres carrés, car ces derniers ne refléteraient pas l’équipement. Le fait que les constructions deviennent plus complexes à planifier non seulement à cause de matériaux plus nobles est vrai – pourtant la réglementation des honoraires n’est pas simplement un complice astucieux et avide.
Le fait que la HOAI ne convienne plus aujourd’hui ainsi est dû à des changements qui n’étaient pas prévisibles ou pris en compte lors de sa « conception ». Elle remonte d'une part à une époque où les maisons individuelles étaient, comparées à aujourd’hui, plutôt low-tech au niveau conceptuel ; et une « progression froide » provoquée par des hausses de prix surchauffées par le boom n’avait pas été envisagée.
La question que je me pose sans cesse : est-ce un vrai marché libre ou comment de telles fluctuations apparaissent-elles ?
Le marché est aussi libre que les acteurs du marché ont l’habitude d’interagir entre eux ; la réglementation des honoraires, en revanche, est trop peu agile pour suivre. La conséquence est une accumulation d’honoraires négociés différemment et une remise en question de la réglementation des honoraires quant à son actualité.
L’état qui résulte de cette évolution est à peu près le suivant :
Le maître d’ouvrage )
se voit (à mon avis « corrompu par les comparateurs de prix ») en « consommateur éclairé ». Il réfléchit, et comme on le lit presque quotidiennement ici sur le forum, il trouve normal de ne pas venir les mains vides chez l’architecte, mais au moins avec une esquisse du plan – c’est-à-dire, de son point de vue, l’architecte fait en quelque sorte seulement la moitié du travail ;
L’architecte )
se trouve face à ce marché de la demande et son honoraire est soumis à une obligation de justification, et il essaye de passer au tour suivant du jeu de la spirale des prix ;
L’assurance responsabilité professionnelle )
considère comme une atteinte à la « communauté des assurés » de saper le niveau des honoraires, alors que son risque de prestation ne diminue pas, pour dire les choses gentiment – rien que sur le sujet « exonération de responsabilité ».
Un triangle dans lequel chacun a en fait raison, ou du moins un point de vue légitime – même si non congruent avec les autres.