:
Ta première question est très facile à répondre, ta deuxième question est en revanche très complexe.
Pourquoi je poste ici, j’ai répondu dans l’autre fil. Un des thèmes (les directives internes KDF de la banque) n’a (presque) rien à voir avec l’autre (quel taux d’amortissement, quelle durée, quel bien, comment calculer un rendement sur fonds propres, etc.).
D’abord encore :
Je ne calcule pas le rendement sur fonds propres en tête (je n’en suis bien sûr pas capable) ; je ne le calcule même plus du tout. Le calcul mentionné au début, je l’avais testé sous de nombreuses variantes avant mes premiers investissements (parfois plus d’apport en fonds propres, parfois moins, parfois un loyer plus élevé, parfois plus bas, parfois plus de plus-value, parfois moins, parfois plus d’amortissement, parfois moins, etc. et des combinaisons de tout cela). Même avec des hypothèses relativement défavorables, le rendement sur fonds propres (avec une forte part de capitaux empruntés) restait clairement supérieur au rendement attendu des classes d’actifs classiques comme les actions, obligations, biens immobiliers financés en fonds propres, or, etc. Avec ce savoir de base, il s’agit seulement de décider dans quel bien immobilier investir concrètement.
En tête, je calcule – si tant est – des rendements locatifs simples ; en fait, le seul vrai calcul que je fais maintenant est : calculer 80 % du loyer annuel théorique attendu (cela, je le fais en tête). Cela doit correspondre environ au montant des mensualités du crédit bancaire. Je ne calcule pas davantage, pourquoi faire ? Que pour un investissement le rendement théorique sur fonds propres soit de 18,7% ou 21,3%, cela m’importe peu au début. Je ne peux pas influencer activement la plus-value (je dois me concentrer sur ce que je peux influencer). Je dois juste estimer suffisamment bien à l’avance la plus-value pour différents biens, et pour cela les "soft skills" décrites sont nécessaires, par exemple augmentation de la population vs biens immobiliers neufs, etc. (j’avoue m’être parfois trompé, en sous-estimant la plus-value). C’est là que se fait la performance, pas en comparant les rendements locatifs (théoriques). Pour être précis : il s’agit bien d’une comparaison du rendement sur fonds propres, mais pour cela on a besoin en paramètre d’entrée de la plus-value, et ce que je dis : un modèle ne peut être aussi bon que ses paramètres d’entrée le permettent ; c’est pourquoi je préfère me concentrer principalement sur ces paramètres d’entrée eux-mêmes plutôt que sur un modèle (juste en soi) qui, en raison d’erreurs d’estimation des paramètres d’entrée et des erreurs qui en découlent, produit un résultat insatisfaisant.
Pour moi, un appartement central, rénové au dernier étage avec exposition sud, proche des transports en commun, dans une zone à trafic calme, avec un rendement locatif de 3,6% me convient mieux qu’un appartement à rénover, avec un rendement locatif de 5,2%, en rez-de-chaussée sur une rue principale, loin de la station de métro ou RER la plus proche. Je connais des investisseurs qui achètent alors des biens avec des rendements locatifs de 7 %, puis s’étonnent qu’ils ne trouvent pas de locataires, qu’une rénovation contre moisissure s’impose, etc. Avec le temps, on prend aussi le feeling du bien intéressant ou non, sans avoir réalisé aucun calcul.
Passons maintenant à la question plus intéressante : dans quelle mesure je suis riche en vrai ou seulement sur le papier. Je ne peux pas vraiment répondre précisément car je ne sais pas ce que "en vrai" signifie exactement pour toi. Trump avec ses milliards d’emprunts, est-il riche en vrai pour toi ou seulement sur papier ?
Je ne suis pas un multimillionnaire disposant de 10 millions d’euros de fonds propres économiques. Il est vrai que je n’ai pas une vie financière complètement sans souci, mais je ne veux pas non plus me plaindre de ma situation financière globale. On peut dire que je suis en phase de constitution de capital.
Supposons que je gagne 1 million d’euros à la loterie. Alors, selon ta définition, je serais probablement riche en vrai. Mais je ne laisserais pas ce million dans une valise tout le temps, je l’investirais d’une manière ou d’une autre pour en tirer un rendement, donc je ne serais plus riche en vrai. Si on regarde les portefeuilles des très riches, on y trouve une répartition d’environ 40% actions, 30% immobilier, 10% obligations, 10% or, 5% "petits légumes" (comme l’art, les bijoux, le vin, les cryptomonnaies, etc.) et 5% liquidités. Sont-ils donc riches en vrai ? En cas de crise économique, plus de la moitié du portefeuille peut subir une perte totale. Moi, je place principalement mon capital propre dans l’immobilier (beaucoup plus que la moyenne), ce qui s’explique non seulement par le rendement sur fonds propres mais aussi par une autre raison sur laquelle je reviens juste après. Bien sûr, il y a eu ou peut y avoir en cas de crise des taxes exceptionnelles sur l’immobilier, mais elles peuvent aussi exister pour presque toutes les autres classes d’actifs. Par exemple, l’immobilier a, comparé aux actions, une meilleure stabilité de la valeur. Les gens doivent toujours quelque part habiter (tout le monde ne tient pas sous un pont), alors qu’on n’a pas forcément besoin d’une entreprise comme Facebook pour survivre.
Mais il y a un autre point, selon moi décisif : il faut distinguer deux classes d’actifs : d’une part les biens financés en fonds propres, et d’autre part les biens financés par de la dette. Beaucoup de gens pensent qu’il s’agit d’un placement similaire. C’est complètement faux. La raison est une mauvaise vision. La plupart pensent en valeur absolue, par exemple "je gagne tel montant, j’ai une augmentation de X € et je gagne 4 % d’intérêts à la banque." Ce qu’ils ne tiennent généralement pas assez compte, c’est l’inflation. La réalité est : l’augmentation moyenne nette des salaires est inférieure au taux d’inflation, donc les gens s’appauvrissent progressivement en travaillant seulement, ce qui justifie la nécessité d’investir. Prenons une personne qui a acheté une maison uniquement avec son propre argent et la loue. Disons qu’il obtient un rendement locatif de 6 % dans son village, la valeur ne monte pas (reste stable), il y a parfois des vacances locatives, donc le rendement réel est d’environ 4 %. Des rénovations à hauteur d’environ 1 % de rendement locatif s’ajoutent, ainsi que des charges non refacturables, des impôts et bien d’autres choses, si bien qu’il ne lui reste que 2 % de rendement net. Avec une inflation de 2 %, il maintient donc tout juste la valeur. C’est un peu la situation de la plupart des investisseurs immobiliers (beaucoup subissent même des pertes réelles). Qu’il y ait un rendement conséquent même après inflation avec les biens financés par dette n’a pas besoin d’être expliqué encore. Ce qui est décisif ici : on ne doit pas se protéger seulement contre une petite crise ou une récession, mais contre des crises économiques graves comme à la fin des années 20 ou la dernière crise du pétrole. Dans ces périodes, la baisse de la production économique allait avec une forte inflation. Pendant ces phases d’hyperinflation, les cours des actions augmentent, mais elles ne protègent pas réellement contre l’inflation sur le plan économique réel, car l’inflation (hyper-)exponentielle augmente davantage que les cours boursiers (ce qui équivaut pratiquement à une perte totale économique réelle). Même les biens financés uniquement par fonds propres peuvent perdre un peu de leur valeur relative, mais c’est là que la différence décisive entre biens financés par fonds propres et financés par dette se fait sentir : pour les biens financés par dette, le crédit contracté (à taux fixe) perd pratiquement toute sa valeur en termes réels pendant l’hyperinflation, et peut donc être remboursé très rapidement, et après, on a des biens libres de dettes, alors que les réserves de liquidités en cash recommandées dans un coffre-fort seraient alors quasiment sans valeur. Bien sûr, une hyperinflation est un exemple extrême, mais elle illustre le principe.
Je m’oppose à l’affirmation généralement faite que du point de vue des fonds de garantie des dépôts bancaires, les comptes à vue "sans risque" auprès de banques seraient vraiment sûrs. Ils le sont peut-être en garantie d’accès à l’argent si la banque fait faillite, mais en réalité ces placements sont très spéculatifs car les investisseurs spéculent implicitement sur une déflation (ou au moins une stabilité monétaire), où l’argent gagne en valeur réelle, comme récemment au Japon. Dans ce cas, ils profiteraient économiquement de ce type de placement (bien que les taux d’intérêt soient alors très bas). Le fait est que ces cent dernières années, il y a eu presque toujours de l’inflation et seulement très peu de phases de déflation réelle. Les investissements immobiliers financés par crédit à taux fixe sont une spéculation sur l’inflation. Certes, en cas de forte déflation, ces investissements immobiliers à taux fixe perdent en valeur réelle. Ils ne sont pas sans risque, c’est vrai ; mais l’histoire montre clairement que l’inflation est bien plus probable que la déflation, et ce risque de déflation je le prends. Je considère un scénario de déflation comme très improbable, car les banques centrales ont pour objectif une inflation d’environ 2 %. De plus, la plupart des États sont tellement endettés qu’il semble impossible de maîtriser le service de la dette autrement qu’avec une inflation voulue politiquement, c’est-à-dire une inflation qui efface la dette.
Conclusion :
Tout est question d’appréciation du risque, comme dit, je considère le cash (comptes à vue, obligations AAA) comme une classe d’actifs très risquée, mais les biens immobiliers financés par dette ont un certain caractère de couverture contre l’inflation (plus précisément : un levier à l’inflation), et à part l’or (qui suit à peu près 1:1 l’inflation sur le long terme), je ne connais pas d’actifs qui protègent aussi bien, ce sont précisément les biens financés par dette qui profitent de l’inflation.
En tant qu’investisseur défensif, on devrait aussi avoir une certaine part de biens financés par dette. Bien sûr, pour des raisons de diversification, il faut aussi miser sur d’autres classes d’actifs. C’est toujours une question d’estimation personnelle de l’évolution économique et de son orientation. Il n’existe aucune classe d’actifs totalement sans risque (y compris l’argent sous le matelas) ; tout dépend par exemple de l’évaluation inflation/déflation, il n’existe aucun investissement stable dans tous les scénarios (même l’or perd en période de déflation).
Ainsi, je ne comprends pas comment on pourrait être "riche en vrai" en principe ?
En plus des valeurs mobilières liquides en actions et obligations, je détiens aussi un peu d’or, et comme je m’intéresse à l’art, quelques objets de valeur dans ce domaine aussi. Globalement, les biens financés par dette dominent, je prévois à moyen terme de réduire la part de dette par une vente et ne plus financer à fond, mais je n’ai pas suffisamment de fonds propres pour me permettre de renoncer complètement aux financements.
J’espère avoir répondu à ta question ainsi.
@ HilfeHilfe :
en plus de tes énormes problèmes d’expression encore une fois :
J’ai des financements à peu près CASH-FLOW-NEUTRES ! Je n’ai donc pas de revenus locatifs supplémentaires qui dépasseraient les mensualités des crédits après charges d’exploitation et qui suffiraient jusqu’à l’annuité hypothétique de 6 %.